Témoignages. Rave party de Redon : "Ce week-end, il n’y a eu aucune volonté de discuter avec nous, de négocier."

Ils ne sont plus que quelques uns sur le site qui a été le théatre de violences ce week-end. Encore abasourdis, ils racontent. Ils étaient venus faire la fête, ils repartent avec des bleus sur le corps et des cicatrices à l'âme.

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"Regarde la gueule que je me paye, regarde ! J’ai pris un tir de Flash-Ball entre les yeux, deux centimètres d’un côté ou de l’autre et je perdais un œil !' Sur le champ qui se vide petit à petit, le jeune homme est encore hagard. Il avance torse nu au milieu des tentes qui se démontent. Il est sonné. Physiquement et moralement. 

"Moi, je veux écouter de la musique, vivre la musique, y’en a qui écoutent du jazz ou des trucs comme ça, ça s’est bien, ils ont le droit, mais nous, interroge t'il, parce qu'on aime le BOUM BOUM, on n’a pas le droit d’exister ?"  

"Je suis venu pour la musique, pas pour la bagarre et … " sa phrase reste en suspens, il montre son visage. "Depuis deux jours dit il, je pleure." C'est peut être à cause du coup.  

La rave s’est transformée en cauchemar

Dans la nuit du 18 au 19 juin, des centaines de jeunes ont essayé d'installer une rave pour rendre hommage à Steve Maia Caniço, le jeune Nantais décédé le jour de la fête de la musique il y a deux ans. Pendant sept heures, des affrontements ont eu lieu avec les forces de l'ordre. 

"J’ai vu tomber des milliers de grenades, des milliers", explique un autre participant du Teckinal, "je suis hyper choqué, j’en ai pleuré" avoue t-il. "La nuit du 18 au 19, c’était horrible."

Lors de ces affrontements, un jeune homme de 22 ans a eu la main arrachée. Six gendarmes ont été blessés. 


Une évacuation musclée

"Et l’évacuation, ça a été terrible aussi "ajoute aussitôt le teufeur.

Samedi 19 juin, en fin d'après midi, 400 gendarmes mobiles ont pénétré sur le site pour faire cesser la fête qui avait réussi à s'installer.  

"Ils ont violenté des gens, ils ont détruit du matériel à coup de pied de biche, des téléphones, des ordinateurs, des caissonsLes gens savent que leur matériel peut être saisi, c’est la loi… mais dans ces cas là, il y a une procédure judiciaire, un jugement. Et quand il y a des amendes à payer, les gens payent. Là, ils ont tout détruit, tout cassé. A coups de hache !"


Des milliers d'euros de matériel détruit

Les camions et les camping car démarrent et s'éloignent, les uns après les autres. Tous sont amers. Plusieurs personnes ont été interpellées, des enquêtes ont été ouvertes. 

"En 2001, on nous a fait croire qu’avec la loi Mariani, on pouvait demander des terrains pour organiser une free party, explique un habitué des raves, ce week "end, il n’y a eu aucune volonté de discuter avec nous, de négocier. On voulait faire la fête, c’est raté."

Le point sur l'enquête

Ce dimanche soir, on apprend que trois hommes, qui avaient été placés en garde à vue dans le cadre de la free party illégale de Redon (Ille-et-Vilaine), comparaîtront devant le tribunal correctionnel pour "violences sur personne dépositaire de l'autorité publique".  L'un d'eux, né en 1984 et domicilié dans l'Orne, a été incarcéré "en exécution de deux peines de 6 et 2 mois d'emprisonnement prononcées antérieurement", a indiqué le procureur de la République de Rennes. Il lui est reproché, comme à deux autres jeunes gens nés en 1998 et 2002, des "violences sur personne dépositaire de l'autorité publique" et "participation avec arme à un attroupement après sommation de se disperser".

Un homme né en 2001 est lui convoqué devant le tribunal correctionnel pour répondre de faits de participation "avec arme à un attroupement après sommation de se disperser et rébellion". Enfin deux autres participants à la free party ont fait l'objet d'un rappel à la loi, pour "participation sans arme à un attroupement après sommation de se disperser".

Concernant l'enquête sur les circonstances dans lesquelles un jeune homme de 22 ans a perdu une main dans la nuit de vendredi à samedi, le procureur Philippe Astruc indique que cette enquête se poursuit, alors que la victime toujours hospitalisée et n'a pas pu être encore auditionnée.
 

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